Sur le pistolet P38

Il s'agit du pistolet adopté par l'armée allemande en 1938, pour remplacer le Luger P08. Il occupe une place particulière dans l'histoire des armes à feu, du seul fait qu'il fut le deuxième pistolet après le PPK à posséder une détente à double action. Le tireur pouvait chambrer une cartouche, rabaisser le marteau, et la tirer ultérieurement sans armer ce dernier. La firme Walther a proposé une arme simple avec peu de pièces et facile à produire en série en cas de guerre. Un premier prototype appelé "heer pistole" fut testé par la nouvelle Wehrmarcht en 1936. Ce pistolet avait une bonne prise en main et était facile à pointer rapidement, mais il avait un marteau interne (ci-contre à droite). Il fonctionne par le principe du "blowback": le double loquet de verrouillage de la chambre qui sertit le canon se relâche au moment de la détonation, permettant ainsi à la partie supérieure de l'arme de glisser à l'arrière et éjecter la douille vide. Son cran de sécurité est situé à gauche de l'arme et est facilement accessible. Les tests de tir à 7 et 20 mètres furent très satisfaisants, et la Wehrmarcht demanda au fabricant de produire l'arme avec un marteau externe. Le P38 était né.

La production en série du P38 débuta au printemps de 1940 par les firmes Walther, Mauser et Spreewerke; l'arme se montra à la fois fiable et résistante aux intempéries, ce qui n'était pas le cas du P08. Son pontet large facilitait l'usage de l'arme avec des gants. Au tir, l'arme avait tendance à grouper ses balles légèrement à gauche... La très grande majorité des P38 utilisait la munition 9mm Luger, mais quelques exemplaires expérimentaux ont été chambrés pour la .38 Super, .45 ACP, et même .32 ACP. En 1942, la plupart des officiers et sous-officiers de l'armée de terre portaient cette arme. Il en était de même dans les nombreux corps policiers allemands. Le Portugal, le nouvel État hébreu, et même la police française ont également utilisé le P38. Lorsque la Bundeswehr fut créée en 1957, Walther produisit à nouveau cette arme sous l'appellation P1. Une version raccourcie appelée P4 (ou P38 court) a également été adoptée. Ces deux armes ont été remplacées par le HKP8 en 1995. Au champ de tir, la performance du P38 est variable selon l'état du pistolet. Les modèles datant de la Seconde Guerre mondiale éprouvent souvent des problèmes d'enrayages causés soit par des chargeurs déficients, un lot de munition quelconque, ou des fautes d'usinage. En revanche, les modèles P1 d'après-guerre sont mieux construits et fonctionnent beaucoup mieux. La précision de l'arme à 15 mètres laisse toutefois à désirer. Le P38 a la fâcheuse manie à "porter sur la gauche" de la cible visée...